NOM Prénom A M. Le Ministre de l’Intérieur Adresse Place Beauvau 75008 Paris le 19/02/2006 Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Le 8 février 2006, Joseph Kollie, étudiant libérien de la faculté des lettres de Besançon, nous a été arraché. Sur ordre du préfet de Franche- Comté, des hommes de la police de l’air et des frontières l’ont embarqué, sans même lui laisser le temps de faire une valise. Le 10 février, il était dans un avion à destination du Liberia qu’il avait fui presque 4 ans plus tôt parce que sa vie y était en danger. Monsieur le Ministre, le préfet a menti à la presse et à la population lorsqu’il a déclaré que le Liberia est à présent pacifié. Le Ministère des Affaires étrangères, en effet, décourage formellement aux ressortissants français de se rendre dans ce pays encore ravagé par 14 années d’une guerre civile épouvantable. Selon le même ministère, aucune partie du Liberia ne peut être considérée comme sûre et aucune présence diplomatique française ne s’y trouve. Monsieur le Ministre, je vous pose cette question : peut-il y avoir deux poids deux mesures dans la République française ? Monsieur le Ministre, le préfet a menti également lorsqu’il a déclaré avoir des informations sur la situation personnelle de M. Kollie et avoir agi dans l’intérêt de sa famille qui le réclame. Les personnes qui le connaissaient personnellement savent que sa concubine a refait sa vie avec un autre compagnon et que Joseph n’était pas attendu. Monsieur le Ministre, ces paroles ne peuvent être interprétées que comme une manifestation de cynisme et d’hypocrisie. Elles déshonorent la République française. Monsieur le Ministre, par cet acte arbitraire et expéditif la préfecture de Franche-Comté a violenté toute la communauté universitaire de Franche-Comté et choqué une large partie de la population de la région et au-delà. Elle a semé l’effroi dans le cœur de tous les étudiants étrangers et de leurs camarades français. Je tiens, par la présente, à vous faire part de ma plus profonde indignation, de ma douleur et de mon inquiétude de savoir que la République française puisse se livrer à des agissements d’une telle brutalité et montrer un tel dédain envers les droits de la personne humaine. Joseph ne s’est pas débattu lorsqu’il a été arrêté et les policiers n’ont pas eu à lui passer les menottes. Joseph Kollie est un être digne. Malheureusement, il est impossible d’en dire autant des hommes qui décrètent des objectifs chiffrés d’expulsions par an et de ceux qui obtempèrent. Soyez assuré, Monsieur le Ministre, de mon profond attachement aux valeurs républicaines. Signature