Joseph Kollie - Compte-rendu entrevue préfecture 01/02/06
Compte-rendu de l'entrevue à la préfecture le 1er février 2006, en compagnie de M. Viseur (chef de cabinet du préfet) et Mme Lambert (directrice de la réglementation).
Après deux visites en délégation à la préfecture où il a rencontré Mme Lambert seule puis la secrétaire de Mme Lambert, le comité de soutien à Joseph Kollie a enfin pu être reçu par M. le chef de cabinet du préfet.
Le rendez-vous initial était prévu à 16h30, après le rassemblement de 15h30 (répondant à l'appel national du Réseau Education sans Frontières). Pour une raison inconnue de nous, la préfecture a choisi de le déprogrammer et de le fixer à 11h30.
Le portrait de Jean Moulin dans la salle était de notre côté... L'entretien a duré environ une heure.
Il en ressort principalement trois points :
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Le premier est que la préfecture a l'impression d'avoir été "manipulée". Cette phrase a été prononcée à maintes reprises par M. Viseur. Leur argument est, en effet, que la demande initiale concernant Joseph (qui n'émanait pas du comité de soutien, puisqu'il n'existait pas encore, mais du responsable administratif de la Faculté des Lettres) consistait à demander qu'on lui permette de rester en France jusqu'à l'obtention de son DEUG. Or, nous en sommes à présent à exiger qu'on lui permette de rester jusqu'à l'obtention de sa licence. Allons-nous procéder de même si Joseph entend s'inscrire en master, voire en doctorat ? Quoi qu'il en soit, le fait de commencer un cycle d'études en France n'est pas un argument juridique valable pour rester sur le territoire français.
Le comité de soutien a fait valoir tout d'abord le fait que les textes ont changé, l'Université de Franche-Comté est, comme on le sait, passée au LMD et le DEUG n'existe plus. D'autre part, Joseph n'a pas l'intention de s'établir en France. Sa seule demande, que nous appuyons, est de valider son cursus (sa licence d'anglais) puis de retourner dans son pays, de retrouver les siens avec l'espoir que la situation aura changé et se sera stabilisée. En outre, le 1er semestre est terminé, Joseph a suivi tous les cours et participé à tous les contrôles. Quel sens cela aurait-il de ne pas lui permettre de valider sa troisième année ? Pire, quel sens cela aurait-il de l'expulser à quelques mois de la fin de ses études à Besançon ? Enfin, et surtout, pourquoi maintenir Joseph dans cet état de misère, sans papiers, sans domicile et sans ressources ? Le comité a tenté de faire entendre tous ces arguments à M. Viseur.
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Le deuxième point est le fait que la préfecture entend reprendre toutes les données du problème et de la situation de Joseph avant son exil forcé. Elle consulte à cet effet l'ambassade de France de Monrovia qui se trouve... en Côte d'Ivoire ! Il leur est apparu que la situation du Libéria s'est grandement améliorée et que la vie de Joseph ne devrait plus être menacée puisque c'est "son" parti qui est actuellement au pouvoir.
Nous avons fait valoir à M. Viseur et Mme Lambert que le Libéria est encore loin de pouvoir être considéré comme un pays en paix, que les enfants soldats n'ont toujours pas été désarmés et que l'aide internationale promise pour la recontruction du pays se fait attendre.
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Enfin, M. Viseur nous a révélé que cette lenteur de la préfecture (4 mois maintenant) pour statuer sur le cas de Joseph révèle une certaine difficulté à prendre une décision. Il y aurait, selon lui, un débat interne au sein de la préfecture sur le cas de Joseph. La décision sera prise (on ne peut savoir quand) après consultation de la présidence de l'université de Franche-Comté.
Le comité de soutien lui a remis 1382 nouvelles signatures demandant la régularisation de Joseph Kollie (1022 collectées sur internet et 360 sur papier) ce qui porte le total à 5382 signatures. M. Viseur nous a presque félicité pour notre travail citoyen ("la pression citoyenne est digne") et il les relaiera au préfet.
La lutte continue !
Pétition en ligne...